Monsieur Le Président de notre République…
Qui sabotez les générations à venir en sacrifiant des postes d’enseignants, en surchargeant les classes de nos enfants, en abolissant avec votre perversité légendaire les structures mises en place pour les enfants porteurs de handicaps non visibles…
Vous qui approuvez les réformes multiples sur la santé et mettez en péril les relations sociales et la vie de tant de mes pairs…
Laissez-moi vous dire : dans ma profession je rééduque nombre d’enfants pour qui le /ch/ et le /s/ ne se différencient pas !
Le jour prochain où vous enlèverez cet acte de ma nomenclature il n’y aura plus personne pour leur apprendre comment dire /s/ ou /ch/ quand il faut, dans un mot !!!
… Ce jour-là, vous risquez de devenir Monchieur le Président…
Vous ne pourrez pas dire alors qu’il s’agit d’une insulte !!!
Bien à vous …
Encore deux morts en Afghanistan et à peine si on s’en aperçoit… Les mots coulent sur nous comme les tirs sur eux… Non je n’y avais pas accordé plus d’importance à ces mots, c’est loin l’Afgha comme ils disent !!! Loin de la France, loin de notre culture, loin de nos petites vies rangées…
Jusqu’au jour où… » Parle-moi de ton expérience en Afgha… »… Il est assis là, à côté de moi, on avait prévu d’en discuter alors il est venu avec son ordinateur, ses souvenirs, son vécu… Le voilà qui ouvre fichiers sur fichiers (des vidéos), qui me montre les tirs, les positions critiques, qui m’explique : « Là tu vois, à cet endroit précis il fallait vraiment se méfier, on pouvait tomber sur eux… » EUX ! Les Talibans bien sûr… Au loin j’entends les tirs incessants, il me montre tout, les villages, le camp des américains, le sien, me raconte au passage quelques histoires drôles (« ben oui il fallait bien qu’on se détende alors les blagues c’était une façon parmi d’autres… »)… Je le sens qui pèse ses mots, qui contrôle sa voix… C’est pudique un militaire, ça ne se raconte pas… la guerre, ça se vit…
Il était dans la province de Kapisa, près de Tagab, un des endroits les plus exposés… Ce qu’il pense de la gestion des hommes, des moyens, des effectifs sur place il ne souhaite pas m’en parler, mais je lis dans son regard un vent de désapprobation…
Il vient de rentrer en France après 6 mois « là-bas »… Il est encore sous le choc et ça se sent, le moindre bruit le fait sursauter dit-il… C’était il y a quelques mois…
Aujourd’hui qu’en est-il ? Il vient d’apprendre qu’il y a encore deux morts à Tagab, je le sens se décomposer, et s’il les connaissait … en plus !!! Non, pas cette fois, mais qu’est-ce que ça change ? Ben oui, qu’est-ce que ça change ? Il y a quand même deux morts, 23 et 43 ans ! Deux familles en deuil… Il ne dit rien… Mais je le sens, il est remué… Normal, il a cotoyé la mort 6 mois, il l’a vue, il me l’a dit… Il y a les soldats mais il y a les civils aussi, et quand il s’agit d’enfants !!!…
Il n’oublie pas, lui …
Alors, pensons-y …